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<div class="medium-insert-images medium-insert-images-left"><figure contenteditable="false" data-media-type="image" data-media-id="81746" draggable="false" class="">
    <img src="https://medias.publidata.io/production/images/images/000/081/746/original/Portrait-Daniel-Nadaud-artiste-_-Fatima-Jellaoui.jpg?1693992592" alt="" draggable="false" class="">
</figure></div><p>« Si je travaille entre deux endroits, c’est pour une raison simple : je suis encombrant. » Le rire de Daniel Nadaud résonne à travers le combiné téléphonique. Initialement prévu en visu, l’interview se déroule finalement à distance, pour permettre à l’artiste de ne pas abandonner ses projets en cours. Privilège de retraité, après toute une vie consacrée à créer entre deux boulots alimentaires.</p><h3 class="is-active">Des révoltés</h3><p>« J’ai toujours dessiné, depuis tout-petit, comme tous les enfants, je suppose. La seule différence, c’est que moi, ça ne m’a jamais quitté. » C’est à 18 ans que Daniel Nadaud visite une exposition qui le bouleverse, sur l’Art de 1884 à 1914 en Europe : « ces artistes étaient pour la plupart des révoltés, s’exprimant comme je rêvais de le faire. » Dans la foulée, il part en stop en Norvège voir de ses propres yeux les œuvres d’Edvard Munch. Puis en Finlande, où il découvre l’imaginaire fantastique de Hugo Simberg, qu’il rapproche de celui de Richard Dadd, peintre anglais schizophrène découvert à Londres auparavant. Ces trois artistes, auxquels s’ajoutera Max Ernst, influenceront durablement son travail. À son retour, il s’inscrit dans une école d’arts appliqués. « Passage obligé, pour un artiste, mais quand on est en recherche de soi-même, ce n’est pas toujours évident. J’avais autant besoin d’être écouté que de recevoir des leçons. » Son diplôme en poche, il traverse des périodes remplies de doutes. « Pour peindre ou dessiner, il faut en avoir les moyens. J’ai dû faire beaucoup de métiers annexes. »</p><h3 class="is-active">Plan B </h3><p>Daniel Nadaud commence par être scénographe pour une troupe de théâtre. « Et bien plus encore, rit-il. J’ai même fini figurant et graphiste de la troupe ! Ça a été fondamental, pour ma construction. Mais j’ai quitté le théâtre assez vite, n’y ayant pas vraiment ma place. » La peinture devint alors son activité essentielle, en écho avec l’architecture, support de travaux à grande échelle grâce à des commandes dans les villes nouvelles qui éclosent dans les années 1978-90. C’est à ce moment qu’il trouve son logement-atelier gervaisien, assez intimiste pour s’y « replier ». « C’est là que les choses ont réellement commencé pour moi. » Sa dernière profession, ce sera professeur aux Beaux-Arts de Nantes. « Durant 20 ans, j’ai essayé d’être le professeur que j’aurais voulu avoir jadis. » En 2008, il est officiellement retraité. « Retraite n’est pas le bon mot. Depuis, je n’ai jamais autant travaillé ! »</p><h3 class="is-active">Artiste protéiforme</h3><p>Celui qui a exposé pour la première fois en 1975 à Paris n’a jamais cessé depuis de montrer ses travaux. « Artiste, ce n’est pas une profession. On réalise simplement ce que l’on doit faire, personne ne nous l’impose. Celles et ceux qui vivent financièrement de leur Art font partie d’une toute petite minorité. Certain·e·s deviennent des entrepreneurs·euses, répétant parfois ce qui a fait leur succès. » Alors que Daniel, lui, se réinvente à l’infini, change de support, expérimente. S’il dessine et remplit depuis toujours des carnets de travail, dont quarante ont été présentés à la Bibliothèque nationale en janvier dernier, il pratique la lithographie, la sculpture, compose des installations en porcelaine. Il assemble des objets aux fonctions disparates pour leur faire dire de nouvelles choses. « Mon grand-père était quincailler à Nogent-le-Rotrou. J’étais fasciné par le bric-à-brac de sa boutique, les catalogues qu’il présentait, les agriculteurs qui la fréquentaient. » Le vieil homme, vétéran de la Grande Guerre, a également nourri l’imaginaire de son petit-fils de ses récits. Des décennies plus tard, ces thématiques se retrouvent dans les œuvres de Daniel Nadaud, qui crée aussi grand qu’il rêve, occupant l’espace en trois dimensions. Et l’artiste espère avoir encore beaucoup de choses à rêver. « Tant que j’en aurai le vivant désir, et la force physique et mentale, je continuerai ».</p><p class=""></p>

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A lire dans PréVoir n°165

Le Pré Saint-Gervais

Imaginaire agricole

Octogénaire, Daniel Nadaud travaille à ses machines agricoles oniriques et autres installations, estampes livres, et dessins, entre son atelier gervaisien, qu’il occupe depuis plus de quarante ans, et sa maison en Mayenne.

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