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« Tu veux que je te raconte ma vie ? En réalité, celle-ci doit être au moins ma sixième. » Arold Jandia éclate de rire, de ce rire qui rebondit contre les murs. Pendant de nombreuses années, sa présence solaire fut grandement appréciée dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, par les agent-e-s de sa délégation comme des autres services. Et cet attachement n’a fait que croître lorsqu’il a commencé son CAP boulangerie et pris les employé-e-s municipales-aux pour ses cobayes consentant-e-s. Mais n’allons pas trop vite.DE LA MARTINIQUE À LA POLITIQUEArold a vu le jour au Marin. C’était en 1969, mais il lui faut un petit moment pour faire le calcul. « Je ne m’occupe pas de mon âge. Mais surtout, je ne fais pas les choses en fonction de lui. » Le ton est posé au bout de quelques minutes. Pendant cette cinquantaine d’années, le Martiniquais a choisi de refuser l’ennui d’une vie qui lui aurait semblé trop étriquée. Après des études de droit inachevées, Arold devient chroniqueur et animateur pour RFO Martinique, fait quelques apparitions dans des films et téléfilms français, puis, depuis vingt ans, travaille pour Air France. D’abord personnel navigant commercial (steward, pour les non-initié-e-s), il est désormais chef de cabine, mais a obtenu un congé longue durée pour vivre sa nouvelle aventure. C’est grâce à Air France qu’il a posé ses bagages au Pré Saint-Gervais. « Mon employeur m’y a proposé un appartement et j’ai vu la lumière de l’autre côté du périph’ », s’amuse Arold. Un jour, Gérard Cosme frappe à sa porte, en pleine campagne pour l’élection présidentielle qui se joue. Arold se montre intéressé à changer les choses. Le Socialiste s’en souviendra lors de la constitution de sa liste pour les municipales suivantes. Suivront deux mandats, entre 2008 et 2020. « Mais j’ai toujours refusé l’adhésion à un quelconque parti, pour garder ma liberté de ton et de pensée. » D’abord conseiller municipal délégué, Arold finira adjoint de Laurent Baron. C’est d’ailleurs ce dernier, assisté d’Anna Angeli, adjointe au Maire et amie d’Arold, qui célèbrera son mariage avec Miki Saïto, le 5 octobre 2019. <div class="medium-insert-images medium-insert-images-grid"><figure data-media-type="image" data-media-id="64099" draggable="false" class="" contenteditable="false">
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</figure></div>UNE NOUVELLE AVENTURE JAPONAISE« J’ai mené beaucoup de projets, mais ils étaient individuels. Celui-là, il se vit à deux. » On jurerait le voir rougir. « Parce que c’est Elle. Parfois, il y a des choses que tu as envie de faire, mais tu n’oses pas te lancer tant que tu n’as pas rencontré la bonne personne. Elle m’a donné l’envie et le courage de me jeter à l’eau. ». Arold passe un CAP boulangerie à l’école française de gastronomie Ferrandi Paris, entre janvier et juin 2020. Puis le couple vend sa maison gervaisienne et le 5 décembre, avec quelques bagages et le petit Yamato Joseph Harold âgé d’à peine quatre mois, Arold et Miki s’envolent vers le Japon. « Quand certain-e-s ont levé le pied sur leurs projets à cause du Covid, nous avons foncé. » La Maison Jandia-Saïto s’ouvre dans un quartier middle-class, après pas mal de recherches. « Les proprié-taires refusaient de louer à un étranger, même marié à une Japo-naise. Ce local était notre dernière chance. » Pourtant, Arold et Miki ont découvert la solidarité entre expatrié-e-s : Dominique Doucet, Pierre Pringent, Bernard Anquetil et Jimmy Delauney, boulangers installés à Tokyo depuis des décennies, viennent prodiguer des conseils, travailler dans le laboratoire et offrir du matériel pour aider la boulangerie à démarrer. Depuis, les jeunes marié-e-s se lèvent tous les jours à 4h du matin pour préparer les pains et le snacking, « que des choses qu’on aime, et pas forcément aux goûts des Japonais-e-s. » Ce qui fonctionne bien ? « Le jambon-beurre. Véridique. » Sur son étal, le couple propose des pains au chocolat de Tata Chocolatine, des gâteaux antillais, des feuilletés vauclinois, honfleurais ou gervaisiens, hommages aux endroits qui ont vu grandir d’une manière ou d’une autre Arold. Un petit tour d’horizon de ses précédentes vies ? « Et celle-ci ne sera pas la dernière, confie Arold. Notre boulangerie fonctionne très bien, nous avons misé toutes nos économies dessus, mais Miki et moi avons l’impres-sion de ne pas voir grandir notre fils. Alors nous pensons sérieuse-ment à rentrer en France. Ce n’est pas pour autant un échec. L’échec aurait été de ne pas le tenter. La vie est une aventure, il faut la vivre comme telle. » Maintenant, le couple s’imagine dans le bocage normand, pour y vivre d’amour et de beurre frais. Parfait pour réaliser le feuilleté gervaisien, à base de compote de pomme. <div class="medium-insert-images medium-insert-images-grid"><figure data-media-type="image" data-media-id="64100" draggable="false" class="" contenteditable="false">
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</figure></div>© Jandia-Saïto

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Le Pré Saint-Gervais

Arold Jandia, talent gervaisien - Petit pain gervaisien au pays du soleil levant

Arold Jandia, ancien élu de la Majorité, s’est expatrié en 2020 à Tokyo pour ouvrir une boulangerie française dans un quartier populaire. Depuis, il fait rayonner l’aura du Pré Saint-Gervais à l’autre bout du monde.

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