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Une enfance marquée par la violence politique Dernier né d’une famille de 10 enfants, Gonzalo passe son enfance à la campagne, où la politique tient une place prépondérante. Son père est connu pour être un agriculteur de gauche, le seul au milieu de propriétaires terriens de droite, qui veulent le faire fuir. " À la nuit tombée, des groupes armés tiraient sur la façade ou tentaient de nous enfumer. Barricadé·e·s dans la maison, nous étions terrorisé·e·s. " Le père finit par vendre sa ferme pour protéger sa famille et en rachète une plus près de la ville, pour faciliter les études de ses enfants. " Mon père m’a dit " mon chéri, c’est dur, le travail à la ferme, par tous les temps, tout le temps… On n’a pas de loisirs. Il faut que tu fasses des études pour travailler ailleurs ! " Alors j’ai bien travaillé à l’école. " Après son bac, il effectue son service militaire, obligatoire pour obtenir le droit d’aller à l’université, travailler ou se marier. Au bout des deux ans d’engagement, Gonzalo rentre chez lui où son père, brisé par une vie de labeur, est décédé. Pour ne pas laisser sa mère seule, il décide de rester et trouve un emploi dans une entreprise de café lyophilisé. Découverte du militantisme Au bout de quelques années, l’entreprise demande qu’il passe un diplôme de chimiste en cohérence avec son poste. Du lundi au samedi, de 6 h à 14 h, soit 48 h par semaine, Gonzalo Loaiza travaille à l’usine, et de 14 h 30 à 21 h, il suit des cours. À la faculté, il se politise, se syndique et commence à manifester. " J’ai toujours eu conscience des inégalités, puisque ma famille en a été victime. J’ai juste décidé de les combattre. " Son diplôme en poche et malgré la désapprobation de son employeur, il continue à militer pour améliorer les conditions de vie locales, notamment celles des paysan·ne·s indigènes, considéré·e·s comme des sous-citoyen·ne·s. Alors qu’il se sait surveillé par ses opposants politiques, il se rend à une formation en syndicalisme à Bogotá. En quittant le centre de formation pour retourner à l’hôtel, il hèle un taxi. Le cri d’un camarade est la dernière chose qu’il entendra. Il se réveille à l’hôpital, six jours plus tard. Un papier dans sa main l’informe qu’il a survécu à un attentat, que sa colonne vertébrale est touchée et que ses oreilles ont souffert de la déflagration. S’il parvient à remarcher grâce aux opérations, son audition est définitivement altérée. Terre d’asile Gonzalo sortira de l’hôpital au bout de six mois. Ses ami·e·s militant·e·s le poussent à quitter le pays, craignant pour sa sécurité. Il tente de porter plainte, en vain. " J’ai su que je ne serai pas protégé par un gouvernement qui ne voulait pas d’opposant formé en syndicalisme. J’étais vu comme un agitateur et mes moindres faits et gestes étaient espionnés. J’étais constamment soumis à des pressions. " L’homme tient une dizaine d’années avant de jeter l’éponge. " La France, c’est le pays qui s’est toujours battu contre les injustices, comme moi. Je me suis dit que j’y trouverai des gens qui me comprendraient. " A l’aéroport, des agents zélés lui confisquent les preuves qu’il avait réunies pour obtenir le droit d’asile. " Tu veux aller en France pour parler mal de notre pays ? " Il arrive à Bagnolet en 2005, sans papiers, sans effets personnels, sans connaitre la langue, sans soutien. Patiemment, il reconstituera son dossier d’immigration, obtiendra le statut de réfugié politique en 2009, apprendra le français, s’installera au Pré et trouvera du travail. C’est son patron qui le poussera vers la retraite, à 72 ans. Depuis ? Il fait des sorties avec le service Animations seniors, bien décidé à profiter enfin de ces loisirs dont son père lui parlait, petit.&nbsp;Photographe: Emilie Hautier

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Le Pré Saint-Gervais

De Bogotá au Pré

Réfugié politique expatrié de Colombie, Gonzalo Loaiza vit depuis plus de quinze ans au Pré Saint-Gervais et fréquente assidument le service Animations seniors.

Fixer un moment pour l’interview n’a pas été chose facile, tant l’emploi du temps de Gonzalo Loaiza est chargé : le retraité de 76 ans s’inscrit à toutes les activités proposées par la Ville, pour garder une vie sociale, malgré son handicap. " Vous voyez les appareils ? Ils me permettent d’entendre. En France, le docteur m’a dit qu’un bruit très fort avait abimé mes oreilles " Sans doute l’attentat auquel il a survécu, en Colombie.

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Réfugié politique expatrié de Colombie, Gonzalo Loaiza vit depuis plus de quinze ans au Pré Saint-Gervais et fréquente assidument le service Animations seniors. Fixer un moment pour l’interview n’a pas été chose facile, tant l’emploi du temps de Gonzalo Loaiza est chargé : le retraité de 76 ans s’inscrit à toutes les activités proposées par la Ville, pour garder une vie sociale, malgré son handicap. " Vous voyez les appareils ? Ils me permettent d’entendre. En France, le docteur m’a dit qu’un bruit très fort avait abimé mes oreilles " Sans doute l’attentat auquel il a survécu, en Colombie.

De Bogotá au Pré

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