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Narjes a 40 ans mais elle est fière comme une enfant. Aujourd’hui, devant le Zenith de la Villette, elle passe son test d’aptitude, qui légitime ces derniers mois d’apprentissage. “J’avais appris petite, mais je ne roulais plus depuis des dizaines d’années. J’avais peur d’aller sur la route avec mon vélo, j’avais besoin de prendre de l'assurance.” Si Narjes arrive à slalomer entre les plots disposés au sol, à lever la main pour tourner, à freiner, elle se verra proposer d’acquérir le vélo de seconde main sur lequel elle s’est entrainée pour 25 euros, auquel elle pourra ajouter quelques euros pour un panier ou un siège enfant. Cette perspective la réjouit : "ça aurait été dommage de pas pouvoir rouler après, j’aurais pu perdre confiance. Là, je pense déjà à mes futures balades, en famille ou pour aller au travail."UNE VÉLO-ÉCOLE SOCIALE ET SOLIDAIRE Pour Ourida, qui marche à côté du VTT qu’elle pousse, l’apprentissage du vélo s’avère plus difficile. “C’est dur d'apprendre en vieillissant. À 50 ans, même si je prends beaucoup de plaisir, la peur de me casser la jambe m’empêche d'avancer. Heureusement que les membres de l'association sont très patients !” Aujourd’hui, Clément et Mehdi, tous deux en service civique, coaniment la leçon et ne sont avares ni de conseils, ni d’encouragement. Cassandre Rivrais, coordinatrice du programme, porte un regard bienveillant sur le cours. “Si Ourida n’est pas encore prête à passer son test d’habilité, elle est la bienvenue à la prochaine session. On ne l’abandonnera pas. Tant qu’elle en aura envie, nous serons à ses côtés.” cyclAvenir, l’association qui porte le projet, a pour premier objectif la cohésion sociale. Son public ? Majoritairement des femmes en situation de fragilité : chômage, monoparentalité, parcours d’exil… Des femmes qui ont besoin de soutien, envoyées par des associations locales comme ici Jeden, et réparties dans une dizaine de programmes simultanés, souvent financés par les bailleurs sociaux, grâce aux exonérations de taxes foncières prévues dans le cadre de la politique de la ville. “Comme les participantes sont regroupées par ville, elles se créent un réseau, souligne Cassandre. Les séances, ce n’est pas que l’apprentissage. On prend le temps de discuter, de goûter et les participantes deviennent copines, se font des sorties de leur côté…” UN PROGRAMME TRÈS COMPLET Pendant 22 séances, d’avril à octobre, les futures cyclistes apprennent à vérifier leur matériel, à trouver leur équilibre d'abord sans les pédales, dans des parcs. Puis, elles passent à la circulation sur route, avec initiation au code. “On les jette directement dans le grand bain, en les faisant circuler à Paris.” Enfin, les dernières séances sont consacrées à l’accès à la culture. Grâce à Oriane, animatrice à la mobilité à vélo et guide conférencière, les balades dans Paris se font thématiques, autour de la République française, le street art, les femmes invisibilisées ou la décolonisation. “C’est un temps très important et un vecteur d’intégration pour ces femmes.” À chaque séance, une garde d’enfant est proposée, pour ne pas pénaliser les jeunes mères. Pour ces mamans à plein-temps, c’est un vrai luxe d’avoir ces trois heures hebdomadaires rien que pour elles ! Enfin, pour clore la saison, l’association réunit toutes les participantes de la promotion lors d’une grande fête. “Ainsi, elles font de nouvelles connaissances. Et il y a la remise du certificat : pour certaines, c’est le premier de leur vie, donc c’est un moment très fort. Et puis, c’est important de dire au revoir, dans la joie et la douceur.” Un sentiment que partage Ourida, qui s’avoue un peu triste que ce soit la dernière séance. “C’est qu’on en a vécu, des choses, ensemble, avec mes copines." Des copines qu’elle pourra sans doute retrouver très vite à vélo au Pré Saint-Gervais !

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Le Pré Saint-Gervais

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Elles sont dix à apprendre le vélo avec cyclAvenir depuis maintenant 6 mois, grâce au financement de Seqens, le bailleur social, mais également d’INLi et du Département. À la clé : plus d’autonomie, une meilleure santé mais surtout, de nouveaux liens sociaux. 

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