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villedupre.fr

<p class="">Devant l’entrée, Laetitia discute avec d’autres femmes. Elle a déjà fait le tour de l’exposition et attend le début du documentaire. <i>« Tu apprends beaucoup de choses sur l’excision, via cette expo. Que ça se répare, déjà. Et qu’il y a du positif dans la réparation. Les images et le son se complètent et s’apportent beaucoup. »</i> Parmi son groupe d’amies, Élodie Ratsimbazafy, la photographe. <i>« Sarah (Abramowicz, la chirurgienne qui a créé l’unité de prise en charge des femmes victimes de mutilations sexuelles en 2017 à l’hôpital André Grégoire de Montreuil, NDLR) est ma voisine de palier. Nous avons eu très vite envie de travailler sur le sujet et j’y ai associé Karine Le Loët, documentariste sonore dont je connais bien l’univers, parce que tout ne peut pas se montrer. Cette cause est très importante pour nous. Si Sarah n’est pas là ce soir, c’est parce qu’elle est actuellement en mission humanitaire en Côte d’Ivoire en train de réparer des clitoris. » </i></p><h3>ExCisTer malgré tout </h3><p class="">Mais la conversation est mise en pause pour la projection du documentaire de Mathilde Jauvin. ExCisTer suit treize membres du club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, association qui lutte contre les mariages forcés, les violences conjugales et les mutilations génitales. Certaines sont excisées, d’autres non. Pendant cinquante minutes, elles interrogent face caméra le poids des traditions, le rapport au corps, à la sexualité, etc. Des sujets qu’elles ont elles-mêmes choisis. <i>« Quand tu n’es pas excisée, tu n’as pas la parole, ici. (…) J’ai eu des complications, j’ai failli mourir. (…) Chez nous, on te dit que tu ne dois pas regarder ton corps nu, sinon, tu vas sentir mauvais de la bouche et devenir dévergondée. Moi, je me regarde, parce que c’est mon corps, il m’appartient. »</i> Une mère quinquagénaire prend également la parole : <i>« c’est une tradition, on ne peut pas faire autrement. Maintenant, on sait que c’est dangereux, mais c’est trop tard pour toutes celles qui ont été excisées. » </i>Ces femmes sont prêtes à risquer leur honneur et leur vie pour ces quelques mots, si cela peut servir la cause d’autres femmes. Quand la lumière se rallume, les échanges avec la réalisatrice se font à voix feutrées, comme pour ne pas couvrir la parole des jeunes filles. </p><h3>Des visages et des voix </h3><p class="is-active">Après la projection, Élodie et Karine se mêlent à leur public. <i>« Au début, j’étais dans une certaine retenue, avoue Karine, puis émue que les femmes se confient. On pourrait croire qu’on n’est pas concernée, en tant que blanche vivant en France. Mais très vite, la sororité joue. » </i>Sous certaines photos, des QR codes permettent de s’immerger au sein de l’unité de prise en charge, qui propose une approche à la fois médicale, psychologique, sociale et chirurgicale. Les voix se succèdent : les consultations médicales ; Sarah en salle d’opération, réparant ce que la misogynie et l’obscurantisme ont détruit ; mais surtout, le groupe de parole. Où les femmes racontent leur découverte du plaisir et encouragent leurs consœurs à la reconstruction. <i>« C’est psychologique. Maintenant, c’est du passé. J’ai retrouvé quelque chose qu’on m’a retiré sans mon consentement. J’ai pris une décision pour moi. Je me sens enfin femme. »</i> Laetitia avait raison : au bout du chemin de leur guérison, il y a la lumière de l’espoir.</p>

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Le Pré Saint-Gervais

Les voix de la guérison

En avril, la Ville mettait en lumière l’exposition photographique et sonore Réparer les vivantes, dans une volonté de sensibiliser le grand public à la réalité de l’excision. PréVoir était là pour le vernissage, qui comportait également la projection d’un documentaire. Retour sur ce moment très fort en émotion.

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