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<p class="">Gervaisienne depuis 2009, Isabel Semedo n’est pas près de quitter la résidence Gabriel-Péri. <i>« Je vivais avant à Bobigny et m’installer au Pré Saint-Gervais a changé ma vie. Nous avons la chance, sur un territoire aussi petit, de bénéficier d’une véritable diversité. Et de personnes engagées pour casser le cliché de la cité. »</i> Parce que la stigmatisation, elle <i>« peut en parler, (elle l’a) vécu. »</i></p><h3 class="is-active">Confrontée au racisme ordinaire</h3><div class="medium-insert-active medium-insert-images medium-insert-images-left"><figure data-media-type="image" data-media-id="70733" draggable="false" class="" contenteditable="false">
    <img src="https://medias.publidata.io/production/images/images/000/070/733/original/Isabel_Semedo%28c%29Emilie_Hautier-2.png?1663748168" alt="" draggable="false" class="">
</figure></div><p class="">Isabel Semedo a 23 ans quand elle s’installe dans ce pays. <i>« Venir en France est une des meilleures choses qui me soit arrivée. Ici, tout est mélangé : les couleurs de peau, les religions, les milieux sociaux. C’était un choc culturel. Et j’ai tout de suite adoré cela. »</i> Mais elle est étonnée par un trait de caractère français en particulier : <i>« Ici, dès la première rencontre, on te demande ton origine. Ce n’était pas du tout le cas au Portugal ! Personne ne voulait croire que je suis portugaise, à cause ma peau. On me renvoyait toujours aux racines africaines de mes ancêtres. Et pareil pour mes enfants, pourtant la 2e génération à naître en Europe. »</i> La montée ces dernières années de l’extrême droite n’arrange rien. <i>« Les gens n’imaginent pas comment ça peut rendre triste. Pourtant, le mélange des cultures est une richesse. »</i> Et c’est justement pour valoriser le multiculturalisme qu’elle crée son association en 2020.</p><h3 class="is-active">Jumelage Solidaire</h3><p class="">Pendant la pandémie, Isabel a un déclic : elle souhaite agir en direction de l’Afrique, en particulier Fonte Lima, le village d’origine de sa famille. Sports, solidarité, éducation, santé… La vingtaine de bénévoles est de tous les combats. De ses origines capverdiennes, Isabel amène l’art de la poterie, pour organiser des ateliers au Pré. Elle y fera également des démonstrations de Teqball, tennis-ballon sur table incurvée et qui a la particularité d’être un sport mixte. <i>« Les filles ne se sentent pas légitimes pour pratiquer une activité sportive sur les aménagements en accès public. En implantant des tables de Teqball, on pourrait rééquilibrer cela. »</i> En Afrique, Fontelima238 retape une école, amène du matériel scolaire, met sur pied un forum santé et crée une équipe de foot féminine junior. <i>« Pour tous et toutes, l’Europe ou les USA, c’est l’Eldorado. Il faut donner aux enfants de meilleures chances et leur apprendre qu’il peut aussi y avoir des perspectives en Afrique. »</i> Et pour apporter de nouvelles compétences sur ses chantiers caritatifs, elle s’inscrit en 2021 à une formation couture.</p><h3 class="is-active">Sortir les femmes de la maison</h3><p class="">En partenariat avec Est Ensemble, la préfecture, Pôle emploi et la Ville du Pré, Ludovic Winterstan, créateur de haute couture reconnu, propose des ateliers d’insertion autour des métiers d’Art, du textile et de la mode à des publics éloignés de l’emploi. Pendant six mois, Isabel fréquente ce laboratoire technique. <i>« Ludovic a su nous valoriser et nous apprendre beaucoup en peu de temps. Il sait tendre la main aux autres. »</i> De leur rencontre naît un projet couture à Gabriel- Péri. <i>« Beaucoup de femmes de cité ont envie de travailler, d’être autonome, mais rencontrent des barrières : la langue, la garde des enfants, la formation… Je veux faire tomber ces barrières, les unes après les autres. </i>» Et la prochaine sur son chemin, c’est l'accueil d’enfants. Assistante parentale agrée, elle a travaillé 10 ans dans la première Maison d’assistantes maternelles gervaisienne située au Clos-Lamotte. Quand la rénovation de la résidence-autonomie a débuté, la Ville a proposé de la placer dans une autre structure petite enfance, mais elle a décliné, pour se lancer dans un projet personnel :<i> « je réfléchis actuellement à faire évoluer mon activité professionnelle et à notamment proposer une garde atypique aux professions du médical, du service à la personne, de la sécurité… qui travaillent en horaires décalés. » </i>Comme le colibri de la légende amérindienne, qui, goutte après goutte lutte contre l’incendie de sa forêt, Isabel Semedo dit en haussant les épaules <i>« faire sa part »</i> pour rendre cette vie plus solidaire. Et si, en fait, elle faisait juste le nécessaire ?</p>

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Le Pré Saint-Gervais

Portrait // Citoyenne du monde

Tour à tour assistante maternelle, apprentie couturière, activiste, présidente d’association multiculturelle et teqballeuse, Isabel Semedo puise sa force dans la dalle de Gabriel-Péri mais plonge ses racines au Portugal et au Cap-Vert. Rencontre avec cette femme pour qui les petites cases étriquées ne sont définitivement pas faites.

Portrait // Citoyenne du monde

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