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« C’est un garçon. Il porte une couronne ; il a l’air en colère. » L’enfant n’en démord pas. Alice Rillard, professeure des écoles, a beau répéter que l’album parle d’une princesse, pour la petite, il est inconcevable qu’une jeune fille s’énerve ou ait du pouvoir. Et c’est bien une des raisons pour lesquelles le corps enseignant de Nelson Mandela organise des ateliers autour de l’égalité fille-garçon. <h3>Un tournant </h3>Au matin du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la classe est divisée en trois groupes. Aux jeux de construction, les consignes sont claires : interdiction de fabriquer des véhicules et des armes. « Nous avons remarqué que les petits garçons monopolisaient l’espace construction pour créer exclusivement des choses considérées comme “viriles” , souligne Alice. Là, nous les incitons à réfléchir autrement et à tenter de représenter des plantes, une tour Eiffel, une baguette magique etc. » Un peu plus loin, un groupe joue au Memory. Il s’agit de retrouver le même métier exercé par un homme et une femme. Enfin, dans le coin lecture, pour obtenir un équilibre entre héros et héroïnes, les enfants trient les livres suivant le personnage principal, quitte à utiliser des a priori sexistes. « Le cochon est un garçon : il porte du violet. » Avant d’aller manger, l’institutrice rassemble les enfants pour une histoire. C’est l’occasion d’ouvrir le dialogue. « Les papas aussi peuvent pleurer ? Et les papis ? Et les animateurs ? » « Les garçons, en général, ils ne portent qu’une boucle d’oreille, pas deux, pas vrai ? » « Moi, mon papa, il aime se maquiller, et ma maman aussi ! » Alice sourit. Si les ateliers ont lieu aujourd’hui, des albums thématiques sont lus en classe depuis les vacances d'hiver. « La grande section, c’est un tournant. Les garçons deviennent un peu plus agressifs, moins affectueux, ils jouent moins avec les filles. Ils ont tellement envie de s’identifier à un genre qu’ils se restreignent. Ce genre d’action permet de travailler sur ses enjeux dès le plus jeune âge. » <h3>Combattre ses propres clichés </h3>Pour la mise en place de ces ateliers, Alice Rillard et ses collègues ont pu compter sur le soutien de leur directrice, Sophie Metzner. Pour aller au bout de la démarche, la responsable de l’établissement compte demander l’an prochain la labellisation égalité filles-garçons pour l’école. « Cela implique d’inscrire des actions pérennes dans notre règlement d’école, mais de monter aussi des projets ponctuels avec les classes, et de chercher des partenaires. Il est primordial de faire prendre conscience aux enfants que tout leur est accessible. C’est pourquoi nous travaillons toute l’année sur cette question, aussi bien en classe qu’en récréation, où nous avons une attention particulière à un partage équitable de l’espace et à proposer des activités non genrées. » La directrice ajoute que ce processus leur permet de réfléchir à leurs pratiques professionnelles. « Donne-t-on en cours le même temps de paroles aux petites filles qu’aux petits garçons, l’accès de la même manière aux jeux d’imitation, comme la cuisine ? Véhicule-t-on des clichés de manière inconsciente ? » Une remise en question dans l’air du temps, alors qu'une plus grande égalité des genres est nécessaire dans notre société.

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